Conducteur de four crématoire
Nos abonné.e.s qui suivent l’actualité depuis longtemps savent qu’épisodiquement, depuis les années 1970, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges (NDDN) fait la une des médias en raison de ses conflits de travail, de son attitude de fermeture et de son manque de transparence à l’égard entre autres de cet organisme qu’est l’Écomusée du patrimoine funéraire et commémoratif.
Le récent conflit de travail
Le dernier conflit, celui de 2022 était inévitable. À la fin de la période d’instabilité managériale qui vit défiler en rafale une série de directeurs, le dossier de la convention collective échue depuis 2018, n’avait connu aucun progrès. Face à l’attitude intransigeante de l’employeur, les employés n’ont eu d’autre choix. Devant le climat d’affrontement, les syndiqués n’entrevoyaient plus d’issue à ce conflit. Ils se devaient de réagir. Plusieurs étaient convaincus que la direction allait jusqu’à leur attribuer la responsabilité des déboires financiers du cimetière. Le lien de confiance était définitivement rompu et une judiciarisation à outrance des relations de travail s’était installée. Les parties se regardaient comme chiens de faïence, les employés en venaient même à douter de la survie de l’institution. Survint alors l’inéluctable grève.
Les deux syndicats firent donc front commun, et, pour la première fois dans l’histoire du lieu, ils votèrent conjointement en faveur: cols blancs d’abord et cols bleus ensuite. Le déclenchement advint en plein hiver, ce qui ne s’était jamais produit.
Le virage
Puis en 2023, le conseil d’administration de la Fabrique fit enfin le virage nécessaire. Une nouvelle direction fut mise en place, avec un mandat redéfini et surtout différant radicalement du précédent.
Au début, les plus pessimistes n’y voyaient que blanc bonnet et bonnet blanc. Le temps les a contredits. Petit à petit, le personnel fut surpris de constater le changement d’attitude, de philosophie et de paradigme de la nouvelle direction. Ainsi, pour la première fois dans leur carrière sous l’égide de la Fabrique, ceux qui n’y croyaient plus ont eu le plaisir de constater qu’enfin ils bénéficiaient d’une direction de nouvelle génération en totale rupture avec les précédentes, une direction en mesure, comme disent les Anglais, de penser en dehors de la boîte. L’arrogance de l’ancienne direction envers son personnel a fait place à une attitude d’ouverture et de dialogue et ce, même avec les organismes comme l’Écomusée du patrimoine funéraire et commémoratif. Depuis, le NDDN s’ouvre à sa communauté. Ce vent de renouveau insuffle beaucoup d’espoir pour l’avenir de cet espace de mémoire, le plus grand au pays, lieu historique national offrant le gîte éternel à de nombreuses personnalités qui ont marqué notre histoire. Désormais, il est permis de croire que cette nouvelle direction pourra assumer le leadership qui lui revient dans le monde funéraire et qu’elle saura saisir toutes les opportunités pour promouvoir la richesse patrimoniale et paysagère de cette nécropole-jardin. De belles idées sont à l’étude et il sera intéressant d’en suivre l’évolution sur les réseaux sociaux.
La motivation du personnel pour faire du NDDN un modèle de gestion du patrimoine funéraire est palpable. Ses indispensables employés retrouvent plaisir à monter les pentes du mont Royal au petit matin. Le savoir-faire accumulé par tant de successions d’employés depuis 1854 constitue un atout précieux et propre au site, liant le cimetière et ses artisans! Les employés peuvent compter sur deux exécutifs syndicaux intègres, intelligents, et motivés.
C’est la mission de tout ce beau monde que d’assurer la pérennité de ce majestueux jardin, un irremplaçable joyau urbain. Les Montréalais doivent s’y intéresser et se le réapproprier.
Puissions-nous réussir !