
Fondateur de l’Écomusée du patrimoine funéraire et commémoratif
En furetant sur le site Web « La route des cimetières du Québec », vous constaterez qu’y sont répertoriés non seulement tous les cimetières, mais aussi tous les sites d’inhumation, dont celui de l’oratoire Saint-Joseph, où repose le frère André.
Cette sépulture est plus que symbolique, elle sanctifie l’oratoire et ajoute à la sacralité des lieux. Dans l’Église catholique, la présence de reliques et/ou du corps d’un saint a une signification bien réelle. Le dernier concile rappelait que « selon la tradition, les saints sont l’objet d’un culte dans l’Église, et l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images ». La présence physique du saint irradie le sanctuaire d’une aura qu’il n’aurait pas autrement. Les saints constituent l’Église triomphante, ils sont les intercesseurs auprès des cieux.
Dès l’Église primitive à Rome, les chrétiens se réunissaient et disaient la messe sur les tombeaux des martyrs, eux qui avaient souffert pour leur foi et qui ne pouvaient qu’avoir crédit auprès de Dieu, ils constituaient donc des facilitateurs pour établir un lien avec le Très-Haut. St-Augustin ne dira t-il pas « qu’il faille honorer la vénération du corps des fidèles qui ont servi d’instrument et d’organe au Saint-Esprit pour toutes sortes de bonnes oeuvres .» Lorsque les persécutions prirent fin, les chrétiens consacrèrent l’usage de rendre un culte aux sépultures des saints, et si d’office une église n’était pas bâtie sur un tombeau, on n’hésitait pas à se procurer les reliques d’un ou plusieurs saints pour l’en pourvoir. D’ailleurs, l’Église a conservé jusqu’à nos jours la coutume de placer des reliques dans la pierre des autels, rappelant ainsi l’antique habitude de dire la messe sur la tombe d’un saint.
C’est dans cette perspective qu’il faut voir toute l’importance et l’impact de la sépulture de Saint frère André pour l’oratoire. Déjà sacralisé par sa fonction, l’oratoire l’est encore plus maintenant qu’elle héberge les restes d’un saint. Le frère André est le saint québécois le plus connu et sans doute le plus aimé à travers le monde. Décédé en 1937 à l’âge de 91 ans, il fut exposé en chapelle ardente dans l’oratoire inachevé. Près d’un million de personnes de partout dans le monde ont défilé pendant sept jours et sept nuits devant sa dépouille, malgré le temps exécrable qui régnait en ce début janvier.
Le tombeau de Saint frère André se trouve depuis la fin des années quarante au cœur du bâtiment, entre la crypte-église et la roche-mère du mont Royal, juste sous la basilique. Pour y accéder, il faut passer par une salle longitudinale appelée la chapelle votive, où des milliers de lampions à la disposition du public brûlent parmi les innombrables béquilles laissées là par les pèlerins. On dit qu’ils repartaient à pied après avoir été guéris par l’humble serviteur de Saint-Joseph, qui repose dans un sobre sarcophage de marbre noir (marbre offert par Maurice Duplessis) situé dans une demi-rotonde adossée à la salle. En 1963, le Tribunal ecclésiastique qui s’occupait des procédures de béatification fit ouvrir le tombeau. On constata alors que, comme nombre de saints, le corps du frère André s’était momifié et était intact, ce qui constituait un argument de poids en faveur de sa béatification.
On trouve aussi dans les parages la salle du cœur du frère André, où est exposé le reliquaire dudit cœur, offert à la dévotion des fidèles. Suite à la canonisation du frère André, il a été décidé de créer un grand reliquaire, de facture contemporaine. On peut y voir un petit réceptacle de verre contenant quelques fragments qui ont été prélevés sur le cœur. Ce réceptacle peut être exposé dans les paroisses, communautés et sanctuaires qui en font la demande.
Ce lieu d’inhumation est sans doute le plus visité au pays et devrait figurer dans le calepin de visite de tout amateur de patrimoine funéraire.
