Fondateur de l’Écomusée du patrimoine funéraire et commémoratif
À la suite de notre conférence du 28 octobre 2024, tenue à la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, qui a porté sur la résolution de l’énigme entourant le lieu de sépulture des Patriotes et l’importance capitale d’en préserver la mémoire, les participants et participantes se sont unanimement accordés sur la déclaration suivante (cf. Annonce de la conférence)
Déclaration préliminaire
- Attendu que le cimetière Saint-Antoine (1799-1854), aujourd’hui renommé Place du Canada et square Dorchester — site emblématique désormais associé à la commémoration de l’Empire britannique — était, à l’époque des soulèvements de 1837-1838, le principal cimetière catholique de Montréal ; qu’il se trouvait à proximité immédiate du lieu de fondation de la Société Saint-Jean-Baptiste (actuellement la Gare Windsor), et qu’il représente aujourd’hui le site probable de la première inhumation des patriotes exécutés pendant l’hiver 1838-1839;
- Attendu que les registres de la paroisse Notre-Dame de l’époque sont muets quant au lieu d’inhumation de ces pendus et que les recherches dans les registres de leur paroisse d’origine n’ont également aboutis à rien, possiblement à cause de la sentence d’excommunication pesant sur eux ; (Il existe une seule exception à ce constat et il concerne le protestant Charles Indenlang, mentionné dans les registres du cimetière protestant Saint-Mary, aujourd’hui parc des Vétérans à l’entrée du pont Jacques Cartier) ;
- Attendu que les minutes du comité de construction du monument démarré 1853 et en activité jusqu’en 1866, font mention en 1861 de la création d’un sous-comité chargé du transfert progressif des restes humains des Patriotes au fur et à mesure de leur exhumation, vers le caveau du cimetière, impliquent que les sépultures étaient manifestement localisées à cette époque;
- Attendu que Joseph Doutre, président de l’Institut canadien (IC) en 1852-53 et anticlérical notoire, était à l’origine du projet de monument commémoratif aux Patriotes et qu’un acte notarié le confirme au titre des propriétaires de la concession où se trouve le dit caveau et ce, même si lui-même n’y a pas été enseveli pour cause de sentence d’excommunication prononcée contre lui en 1858 _ celui-ci est en effet enterré au cimetière protestant Mont Royal;
- Attendu que de nombreuses preuves directes et indirectes laissent croire que les restes mortels de ces Patriotes seraient dans le caveau érigé à la base du monument lequel caveau porte l’inscription 1861, date de création du comité chargé du transfert des restes. Y sont également inscrits les armoiries de l’IC, le nom de la famille Doutre, et enfin, ajouté par après, celui de son cousin et associé Raoul Dandurand qui connaissant l’importance du lieu a procédé à sa première restauration;
- Attendu que Siméon Mondou, auteur d’un ouvrage publié en 1887 qui a travaillé pendant plus de 15 ans au cimetière Notre-Dame-des-Neiges qui raconte l’histoire de ce site, mentionne la présence de sépultures de Patriotes dans ce caveau;
- Attendu que l’Écomusée de l’Au-Delà, aujourd’hui renommé Écomusée du patrimoine funéraire et commémoratif, a déposé en 2016 une demande de classement auprès du ministre de la Culture portant à la fois sur le monument et le caveau funéraire;
- Attendu qu’en 2022 seul le monument a été classé, le caveau funéraire n’ayant pas été retenu au seul motif qu’il ne présenterait pas de valeur architecturale particulière;
- Attendu que cette décision a omis de prendre en compte l’importance historique et patrimoniale des précieuses reliques que renferme le caveau, lesquelles constituent un témoignage irremplaçable du patrimoine funéraire et commémoratif régional et national ;
- Attendu que le monument a été érigé à l’initiative de l’IC, une institution anticléricale dissoute à la fin du XIXe siècle, et qu’il se trouve aujourd’hui orphelin, tout comme le caveau, qui appartenait à la famille Doutre, famille dont il n’a pas été possible de retracer les descendants, ni même de la famille Dandurand;
- Attendues d’innombrables autres preuves qu’il serait trop long d’énumérer ici :
- Attendu que le gouvernement du Québec a classé le monument, excluant le caveau funéraire, et qu’il refuse systématiquement de financer l’entretien du monument, lequel nécessite pourtant des interventions régulières;
- Attendu tout ce qui précède, et que l’Écomusée du Patrimoine funéraire et commémoratif, organisme caritatif à but non lucratif (OBNL) s’engage à créer un fonds de réserve au sein de la Fondation du Grand Montréal, un fonds spécifiquement destiné à l’entretien du patrimoine funéraire et commémoratif des Patriotes inhumés au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, et qu’il déposera un montant de 10 000 $ pour amorcer la collecte de fonds, laquelle devra, à terme, atteindre un objectif minimum de 200 000 $ ;
Les participants à la conférence présentée par Alain Tremblay le 28 octobre 2024 organisée par la section De Lorimier de la SSJB ont fortement insisté auprès des dirigeants de la section afin qu’ils déposent à l’assemblée générale de la SSJB du printemps 2025 les recommandations suivantes :
Recommandations
- Que la SSJB s’engage activement dans la création d’un comité historique dont la mission serait de poursuivre les recherches concernant les sépultures des Patriotes, dans le but de valider les hypothèses évoquées ci-dessus. Ce comité pourrait également avoir le mandat de collaborer avec l’Écomusée du patrimoine funéraire et commémoratif pour développer une ou plusieurs publications souvenirs, racontant l’histoire de ces événements importants et rappelant leur mémoire contribuant ainsi à leur préservation et à leur diffusion auprès du public.
- Que la SSJB s’engage à alimenter régulièrement le fonds de réserve en organisant des collectes destinées à assurer l’entretien à long terme de ce site funéraire et commémoratif. Ces collectes seront menées de manière périodique afin de garantir la pérennité de l’infrastructure, et ainsi préserver cet espace de mémoire pour les générations futures. En soutenant activement ces initiatives, l’organisme contribuera à la conservation de ce lieu symbolique, tout en participant à l’héritage collectif que représente ce site.
- Que la SSJB poursuive les démarches auprès du Gouvernement du Québec en vue de faire classer et protéger l’ensemble du site, y compris le caveau afin d’en préserver la valeur historique et patrimoniale.