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L’Hôpital général de Québec et le cimetière de la guerre de Sept Ans

Jean-Yves Bronze

Historien

Le projet d’implanter un second hôpital à Québec – après l’Hôtel-Dieu fondé en 1639 – remonte à l’intendance de Jean Talon mais est mis en œuvre par Mgr Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier (1653-1727), qui reçoit en 1692 de Louis XIV les lettres patentes pour l’érection de l’Hôpital général de Québec. Le 13 septembre, il achète à cette fin la seigneurie, le couvent et l’église des Récollets. Le 30 octobre 1692, l’hôpital reçoit ses premiers pauvres dont s’occupe sœur Sainte-Ursule. Mais c’est véritablement à partir du 1er avril 1693 que les quatre premières hospitalières s’y installent à demeure : la fondatrice Louise Soumande de Saint-Augustin (1663-1708), Marguerite Bourbon de Saint-Jean Baptiste, Geneviève Gosselin de Sainte-Madeleine et Madeleine Bacon de la Résurrection; ces religieuses sont des augustines qui proviennent de l’Hôtel-Dieu du Précieux-Sang de Québec. Jusqu’en 1699, l’Hôpital général et l’Hôtel-Dieu sont liés sur le plan administratif du fait qu’ils relèvent d’une même communauté religieuse. La séparation en deux communautés distinctes ne se fait pas sans heurts. Le partage des vocations et des maigres ressources financières de la colonie créent un certain malaise, voire de la jalousie. Mgr de Saint-Vallier doit alors plaider sa cause en France. Jusqu’au début du XXe siècle, la communauté de l’Hôtel-Dieu éprouvera de l’amertume envers la nouvelle communauté des religieuses hospitalières de la Miséricorde de Jésus de l’Ordre de Saint-Augustin. La vocation de l’Hôpital général sera de recevoir les invalides, les infirmes et paralytiques, les aliénés, les vieillards « en enfance », les femmes de « mauvaise vie ». L’Hôtel-Dieu n’exercera son hospitalité qu’envers les malades.

C’est précisément à cause de la vocation même de l’Hôpital général, le soin des indigents et des affligés, que son cimetière sera longtemps identifié et connu par la population sous le vocable de « cimetière des pauvres ». Les toutes premières inhumations datent d’avril 1710. En effet, à l’occasion de la construction de l’une des ailes devant servir d’appartement à Mgr de Saint-Vallier – le presbytère –, on a relevé les corps du deuxième cimetière des Récollets qui se trouvait précisément à cet endroit. Les corps ont été réinhumés dans l’actuel terrain, face à l’hôpital. En 1711, les Annales des Augustines font état de l’inhumation d’un vieillard; d’autres enterrements ont suivi. Cependant, les premiers registres ont été détruits ou perdus. Le 18 septembre 1721, les Messieurs du Séminaire consentent à ériger en petite cure le regroupement de l’église, de l’hôpital et des terres avoisinantes sous le nom de paroisse Notre-Dame-des-Anges. Le premier mort de cette nouvelle paroisse est Mgr de Saint-Vallier lui-même. Il décède le lendemain de Noël 1727. Le soir du 2 janvier 1728, l’intendant Dupuy ordonne son inhumation dans un tombeau spécialement conçu pour être placé sous les dalles du sanctuaire de la chapelle de l’hôpital. Les Augustines de l’Hôpital général sont ses légataires universelles. La première inhumation officiellement enregistrée dans le cimetière paroissial a lieu le 4 février 1728. C’est celle d’un vieillard de 90 ans, Gatien Tourangeau.

Compassion. Œuvre de Truong Chanh Trung, 2006 L’œuvre représente la mission première des communautés religieuses hospitalières installées au Québec : devant la croix, une religieuse, le cœur et les bras grands ouverts, et un religieux agenouillé soutiennent un vieillard. Dévoilée le 5 octobre 2006. Réalisée dans le cadre du programme municipal d’art public.

L’HÔPITAL GÉNÉRAL DEVIENT UN HÔPITAL MILITAIRE

En 1706, l’hôpital abrite quatre soldats invalides à charge de la charité. C’est en 1720 que l’établissement est appelé à recevoir ses premiers soldats malades appartenant aux troupes coloniales des Compagnies franches de la marine. Toutefois, ces soldats ne sont pas à la charge de l’hôpital mais à celle du roi qui fait remettre à la communauté leur demi-solde. C’est à partir de 1734 que l’hôpital prend soin des soldats invalides sur une base assidue. Jusqu’en 1755, l’institution ressemble à la fois à un hospice et à un hôpital. Pour remédier à leurs dettes sans cesse croissantes, les Augustines demandent officiellement, en 1752, la permission de recevoir les malades des troupes. Le roi acquiesce à leur requête. À cause des événements, l’Hôpital général va devenir un véritable hôpital militaire par le grand nombre de soldats et matelots qui commencent à y affluer dès la fin de juin 1755, et ce d’autant qu’un incendie a ravagé une partie de l’Hôtel-Dieu au début du mois. L’Hôpital général accueille cet été-là 400 soldats et marins malades. Précisons que sans perdre son statut et son caractère religieux, la conjoncture en a fait un hôpital militaire.

En 1756, l’arrivée du vaisseau Le Léopard amène d’un seul coup 280 personnes, malades croit-on de la peste. Les épidémies de 1757 font des ravages chez les soldats; la seule journée du 30 juillet, l’on voit arriver 430 malades que l’on place dans les dortoirs, au noviciat et même dans l’église. Le lendemain, on en amène encore 80 autres. Le 2 août suivant, quelque 530 soldats et matelots débarqués de France sont conduits à l’hôpital. Les religieuses n’échappent pas aux épidémies. À la fin de l’année, 22 sœurs sont atteintes des fièvres; dix sont emportées (Relations de ce qui s’est passé : 2). En 1758, quelque 600 à 700 malades occupent la maison. L’apaisement des fièvres ne se fait sentir qu’en mars 1759. Le 27 juin, l’arrivée de la flotte anglaise à proximité de Québec est cause de nombreuses escarmouches et de dévastateurs bombardements sur la ville. Les blessés affluent. Au lendemain de la bataille des plaines d’Abraham, le 13 septembre 1759, le nombre de personnes hospitalisées s’élève à près d’un millier. Qui plus est, pendant le siège qui précède la reddition de la ville, l’Hôpital général devient un refuge pour les sœurs de l’Hôtel-Dieu et pour les Ursulines. Les Augustines partagent leur chambre avec ces réfugiées et couchent dans les dortoirs. De plus, une foule de gens ne se trouvant plus en sécurité dans la ville y demande asile. Cette fois tout l’espace possible est réquisitionné : corridors, greniers, étables, hangars, granges, et même la maison des domestiques.

Pour couronner le tout, le 18 septembre, après les combats des plaines d’Abraham, l’état-major anglais oblige les religieuses à loger une trentaine de soldats en plus de soigner des centaines de blessés et de malades. À partir de ce moment, l’Hôpital général est devenu, selon l’expression de Micheline D’Allaire, « un véritable embouteillage d’êtres humains ». Voici un ahurissant rapport de la situation : « Après avoir dressé plus de 500 lits […] il en restait encore autant à placer. Nos granges et nos étables étaient remplies de ces pauvres malheureux. Nous avions dans nos infirmeries 72 officiers; il en mourut 13. On ne voyait que bras et jambes coupés. Il nous vint encore une vingtaine d’officiers anglais qu’ils n’eurent pas le temps d’enlever et dont il nous fallut aussi nous charger. En outre, plusieurs officiers des leurs nous avaient été envoyés pour les loger » (D’Allaire : 126-127). La bataille de Sainte-Foy (1760) apporte encore son lot de blessés, tant Français qu’Anglais. Cette fois, le tumulte et la pagaille sont tels qu’il est même difficile d’enregistrer les noms de tous ceux qui succombent. Voici ce que le chanoine de Rigauville écrit dans le registre des décès : « L’an mil sept cent soixante, les vingt-huit et vingt-neuf avril, ont été inhumés dans le cimetière de cet hôpital les corps de quelques hommes apportés au dit hôpital expirant après l’affaire du vingt-huit du présent mois entre les François et les Anglois, et dont le tumulte et l’affluence des blessés n’a pas permis de sçavoir les noms; En foy de quoy j’ay signé » (Rapport de l’archiviste 1920-1921 : 265). Ce n’est qu’après la Conquête que l’Hôpital général perd son caractère militaire pour reprendre ses fonctions normales d’asile pour invalides et vieillards.

 

LES AUGUSTINES, DÉPOSITAIRES DE LA MÉMOIRE DES SOLDATS DE LA NOUVELLE-France

Sur un petit terrain face à leur monastère, les Augustines établissent en 1710 un cimetière qui doit servir à l’inhumation des pauvres et des pensionnaires perpétuels de l’hôpital. La première inhumation d’un soldat a lieu en 1730. En 1732, un sergent et deux soldats y sont enterrés. Le nombre d’inhumations de soldats (14 sépultures entre 1740 et 1750) augmente lentement jusqu’en 1755, année où le roi expédie un premier contingent de troupes régulières pour la défense de la colonie. À la fin de 1755, 17 soldats et matelots sont inhumés, ainsi qu’un sergent. L’année suivante, 61 enterrements seront enregistrés; ce chiffre n’est pas aussi élevé qu’il paraît compte tenu de la prétendue épidémie de peste à bord du Léopard. Cependant, en 1757, une conflagration de fièvre fait grimper les inhumations à 491, dont 347 pour les seuls soldats et marins français. En 1758, les fièvres non contrôlées persistent et l’on dénombre 300 morts, dont 249 marins et soldats; les marins étant cette fois plus nombreux. À partir de juin 1759, les combats qui ont été jusque-là menés aux extrémités de la colonie ont maintenant lieu au cœur de la Nouvelle-France. Les Anglais ont en effet remonté le fleuve. Des escarmouches et des embuscades se produisent à maints endroits et l’escadre anglaise se met à bombarder la ville de Québec, ce qui sera cause de nombreux blessés et de morts. Puis se produit le débarquement et la bataille des plaines d’Abraham du 13 septembre 1759, la reddition de la ville de Québec et la revanche française du 28 avril 1760 à Sainte-Foy; tous nos braves, morts sur les champs de bataille de 1759 et de 1760, sont inhumés pêlemêle dans une fosse commune. Les mœurs de l’époque exigeaient que l’on procède ainsi. Mis à part les officiers dont les noms nous sont parvenus, l’identité de tous les autres soldats, morts et enterrés sur les champs de bataille ces deux journées-là, nous est jusqu’à ce jour inconnue.

Bien qu’elles aient aussi soigné les soldats anglais par charité et obligation morale, les Augustines ont démontré plus d’une fois leur patriotisme et leur courage face à l’ennemi. Voici un fait méconnu illustrant que leurs sentiments penchaient vers leurs compatriotes dans les jours et semaines qui suivirent la bataille des plaines d’Abraham : « ils [soldats français et miliciens canadiens] nous demandaient en grâce, quand ils se voyaient rétablis, de les laisser sauver pour aller rejoindre l’armée; nous le faisions de grand cœur, et à nos dépens, leur fournissant des vivres et des hardes pour les mettre en état de le faire; ce qui nous attira les reproches et les menaces les plus dures, de la part de l’ennemi, qui nous menaçait de nous laisser mourir de faim» (Relation de ce qui s’est passé : 16). Le capitaine John Knox affirme pour sa part que la directrice de l’Hôpital général, mère Saint-Claude-de-la-Croix – Marie-Charlotte de Ramezay, sœur du major de la ville et du gouverneur de Québec, Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay – ne cesse de répandre des fausses rumeurs démoralisantes pour les soldats de Sa Majesté : « […] Madame de St-Claude, Abbess of the Augustine Convent, is reputed the industrious inventress of many groundless rumours, which have been circulated among the troops, with a view to corrupt and discourage our brave soldiers; particularly that of General Amherst’s army being defeated at the Isle aux Noix, with an irretrivable loss of men and artillery. » Irrité de toute cette désinformation, le général James Murray lui aurait ironiquement proposé de l’enrôler comme grenadier (selon Knox) : « […] if she is tired of living out of the world, and will change her habit for that of a man, his Excellency will inroll her as a grenadier » (Knox 1914 : 367-368).

Bien que patriotes, les Augustines font preuve de magnanimité en soignant tous les blessés et malades anglais conduits à l’hôpital. Le capitaine Knox raconte comment ses compatriotes étaient traités : « quand nos pauvres compagnons tombaient malades et qu’on les faisait transporter de leurs détestables hôpitaux de régiments dans ce refuge général, ils s’en trouvaient assurément rendus plus heureux d’une manière qu’on ne peut dire; chaque patient avait son propre lit avec rideaux et une garde-malade pour prendre soin de lui. Les lits sont rangés en galeries de chaque côté […] ces galeries sont grattées et balayées tous les matins, puis arrosées de vinaigre, de sorte qu’un étranger ne peut percevoir aucune odeur désagréable; l’été on ouvre généralement les fenêtres et on donne aux patients une sorte d’éventail pour se rafraîchir quand il fait une chaleur presque étouffante ou pour éloigner les mouches ». Plus loin, il ajoute: « Chaque officier a une pièce à sa disposition et, pour prendre soin de lui, une de ces religieuses qui, en général, sont jeunes, élégantes et jolies » (D’Allaire : 181; Knox vol. 2 : 213).

Le général James Wolfe, qui parlait un excellent français, témoignera sa reconnaissance aux religieuses en leur promettant que « si la fortune favorisait ses armes, il ferait honorer et respecter une maison où l’on rendait de tels services à l’humanité souffrante, et où l’on avait d’égards pour des étrangers et des adversaires » (D’Allaire :181). Tous les blessés sont conduits à l’hôpital. Plusieurs meurent dans les jours, les semaines ou les mois suivant les fatidiques batailles. Les religieuses ont conservé minutieusement dans un registre mortuaire les noms de tous ceux qui succombèrent à leurs blessures. Ces morts sont inhumés dans le petit cimetière situé en face de l’hôpital. C’est ainsi qu’à la suite de leur demande de soigner les soldats du roi, et pour l’histoire, les Augustines de l’Hôpital général de Québec deviennent les dépositaires de la mémoire des soldats de la Nouvelle-France. Elles ont gardé précieusement les noms de tous ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la défense de la patrie. Elles ont, d’une génération à l’autre, entretenu le cimetière où reposent, face à leur monastère, tous ces soldats, marins et miliciens de France et de Nouvelle-France. Elles sont les gardiennes de leur mémoire.

LE TEMPS DE LA COMMÉMORATION

C’est en pleine guerre, en 1944, dans un article du Bulletin des recherches historiques, que l’archiviste-historien Pierre-George Roy qualifie de « cimetière des héros » le petit enclos situé devant l’Hôpital général. Il y fait état de ces officiers et soldats qui « furent soignés, encouragés, consolés par leurs devancières. La plupart moururent le sourire aux lèvres. Les Hospitalières ont le don de préparer à la mort, de la faire accepter comme une résurrection! Ceux qui meurent dans les hôpitaux tenus par des religieuses ne partent pas en désespérés ». Il est remarquable que Roy ait choisi d’écrire cet article en octobre 1944, quatre mois après le débarquement de Normandie (6 juin 1944). Les Canadiens se battaient alors en Italie, en Belgique et en Hollande. Pourquoi a-t-il choisi ce moment précis pour faire le rapprochement entre les soldats de 1759-1760 et ceux d’aujourd’hui ? Il aurait sans doute pu qualifier de la sorte le cimetière dans le décompte partiel des morts de l’Hôpital général qu’il fit dans le Rapport de l’archiviste de la province de Québec dès 1920-1921. Sans doute que les événements de la Seconde Guerre mondiale en Europe coïncidaient avec son projet de mise en valeur du cimetière. L’occasion était trop belle pour subtilement effectuer un rapprochement entre les héros d’hier et de son temps. Et qu’il serait tout aussi à propos que l’on se souvienne, après la guerre, des uns et des autres.

Le premier rapport annuel de la Commission des monuments historiques (ancêtre de l’actuelle Commission des biens culturels), publié en 1922- 1923, « suggère humblement au gouvernement de la province de Québec d’élever à ses frais, dans l’humble cimetière de l’Hôpital-Général de Québec, une croix ou une colonne à la mémoire des combattants de 1759 et de 1760 qui y reposent ». On retrouve dans ce rapport la manière directe et le style incisif de Pierre-Georges Roy, qui fut aussi le premier secrétaire (1922-1941) de cet organisme voué à la conservation du patrimoine (Commission des monuments historiques 1922-23 : XV). Deux ans auparavant, ayant eu accès aux archives des Augustines de l’Hôpital général, il avait publié dans le même Rapport de l’archiviste de la province de Québec une première liste partielle des « héros » de 1759-1760 inhumés dans ce cimetière. De nouveau en 1944, Pierre-Georges Roy s’émeut du fait qu’aucun monument, aucune stèle ou plaque commémorative ne vienne rappeler aux passants l’histoire de ce lieu de mémoire : « ces officiers et soldats du cimetière des héros n’ont-ils pas droit, eux aussi, à notre reconnaissance, à notre souvenir ? […] une colonne, une stèle quel conque, ne devrait-il pas rappeler aux générations d’aujourd’hui et de demain que dans cet enclos de l’Hôpital général reposent une douzaine peut-être de chevaliers de Saint-Louis et des centaines d’officiers et soldats morts pour le salut de leur pays ».

Ainsi retrouve-t-on dans le cimetière de l’Hôpital- Général de Québec non seulement la plus importante concentration de morts de guerre – morts en service – au Canada, mais également ce site représente le plus ancien cimetière de guerre au pays. Cela inclut ceux qui sont morts de blessures occasionnées par l’ennemi et ceux qui sont décédés de maladies ou d’accidents.

Pendant 240 ans, le cimetière de l’Hôpital-Général de Québec a été préservé et entretenu par les Augustines dans l’anonymat et l’indifférence publique la plus totale. Puis arriva le temps de la commémoration que Pierre-Georges Roy avait tant appelé de ses vœux. En 2001, la Commission de la capitale nationale du Québec procédait à un vaste projet de réaménagement du cimetière des braves : travaux d’embellissement du cimetière, érection d’un mausolée à Montcalm, création d’un mémorial aux victimes de la guerre de Sept Ans et installation de panneaux d’interprétation. Le 11 octobre de cette même année, le premier ministre du Québec, Bernard Landry, présidait aux cérémonies de translation des restes de Montcalm et d’inauguration du Mémorial de la guerre de Sept Ans.

Le 11 octobre 2001, au cours d’une cérémonie spéciale, les restes de Montcalm ont été transportés de la chapelle des Ursulines au cimetière de l’Hôpital-Général de Québec, dans le mausolée situé au cœur du même cimetière. Montcalm repose désormais dans un sarcophage de granit marqué de son initiale. La porte donnant accès au mausolée est surmontée de l’inscription Montcalm et est ornementée des armoiries de sa famille. Une plaque commémorative rappelle également Louis-Joseph, marquis de Montcalm. Ce projet fut une collaboration du Souvenir français et de la Commission de la capitale nationale du Québec.

Le mausolée Montcalm

Translation des restes de Montcalm. Photos CCNQ, Marc-André Grenier, 2001

Principales caractéristiques du cimetière de l’Hôpital général de Québec

Le seul cimetière dans le monde qui témoigne de la guerre de Sept Ans, les autres ont disparu; la guerre de Sept Ans (550 000 morts) a été la véritable première guerre mondiale.

Il renferme dans ses entrailles la plus importante concentration connue de chevaliers de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis au monde : 18 chevaliers avec Montcalm.

L’enregistrement des morts de guerre, la conservation des registres mortuaires et la préservation du site de leur sépulture par les Augustines a été une première dans l’histoire de l’humanité. Plus d’un millier de défenseurs de la Nouvelle-France ont été enregistrés. Le secret a été gardé pendant 240 ans.

La dimension internationale du cimetière est inscrite sur le Mémorial aux morts de la guerre de Sept Ans : soldats et marins français, miliciens canadiens, alliés amérindiens, soldats britanniques et écossais (en nombre indéterminé).

Ce cimetière est le plus ancien de Québec même s’il ne fut pas le premier. Ouvert en 1710, il reçoit sa première sépulture dûment enregistrée en février 1728. De petite dimension, il fait 150 pieds par 250, ou 45 mètres par 76.

Le cimetière de l’Hôpital-Général a été classé site historique en 1977 par le gouvernement du Québec et reconnu Lieu historique national en 1999 par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada qui y a installé une plaque commémorative en septembre 2005.

En 2001, la Commission de la capitale nationale du Québec procédait à un vaste réaménagement du cimetière de l’Hôpital-Général. Des travaux d’embellissement du cimetière, l’érection d’un mausolée à Montcalm, la création d’un mémo rial aux victimes de la guerre de Sept Ans et l’installation de panneaux d’interprétation ont donné à la population un vaste espace commémoratif.

 Le mémorial est composé de deux éléments fondamentaux. La première portion est un vaste espace carré délimité par des murets de pierres encastrés dans le sol et subdivisés en deux espaces rectangulaires séparés par une allée centrale en pierre de taille. Dans le rectangle de gauche, une dépression inclinée évoque les fosses communes où furent inhumées les victimes de la guerre. Au fond de cette dépression sont disposées des dalles de pierre alignées où sont gravés, pour chacune des années de guerre en Amérique (1755 à 1760), les noms des victimes. La portion à droite est aménagée en jardin et intègre, dans un espace légèrement en contrebas, six haies localisées dans la continuité des six allées de pierre signifiant dans leur forme la vie émergeant de la terre.

 La sculpture Traversée sans retour, œuvre de l’artiste Pascale Archambault, domine l’ensemble. Cette œuvre, formée de deux murs de pierres brisés en référence à la guerre et d’où émergent deux personnages qui se soutiennent mutuellement, symbolise l’entraide et le réconfort dans le malheur partagé et l’égalité de tous devant la mort. La barque, implantée à l’arrière de l’œuvre, fait référence au caractère naval de cette guerre tout en suggérant un départ vers l’au-delà.

L’idée originale d’intégrer un mémorial au cimetière est venue de Jean-Yves Bronze. Le projet fut une collaboration du Souvenir français et de la Commission de la capitale nationale du Québec.

Note (1)

Ce texte fait partie d’une série d’articles de notre grand dossier « Cimetières, patrimoine pour les vivants » tiré du livre du même titre par Jean Simard et François Brault publié en 2008.

Note (2)

Ce texte présente des extraits de l’ouvrage Les morts de la guerre de Sept Ans au cimetière de l’Hôpital-Général de Québec, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2001.

BIBLIOGRAPHIE

Documents d’archives

Archives de la guerre. Archives administratives du Corps de troupes en Nouvelle-France. Consultation aux Archives nationales du Québec à Montréal. Toute la série X, microfilms (ANC) F-787,F-788, F-789, F-790 et F-791, F-792 – série 97 Ya, – archives du Corps de troupes de l’armée française, – série 97 Yb, vol.121-122 – contrôle des capitaines 1743-1763, vol.124-126 – contrôle des lieutenants 1748-1763

Annales des Augustines de l’Hôpital général de Québec (Les), Relations de ce qui s’est passé au Siège de Québec, et de la prise du Canada, par une religieuse de l’Hôpital Général de Québec; adressée à une Communauté de son Ordre en France. Document manuscrit écrit par Mère de La Visitation* conservé aux Archives du monastère des Augustines de l’Hôpital général de Québec, 24 pages. * Marie-Joseph Legardeur de Repentigny, décédée le 10 juin 1776.

Annales des Augustines du monastère de l’Hôpital général de Québec (Les), année 1759, note no 7 cote 13.14.2.2; année 1760, note no 9, Document manuscrit conservé aux archives du monastère des Augustines de HGQ.

Archives du monastère des Augustines de l’Hôpital général de Québec (Les), Registre des militaires entrés à l’Hôpital général de Québec dans la paroisse Notre-Dame-des-Anges entre 1728 et 1783. Document manuscrit

Études et monographies

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