Ethnologue
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En septembre 1977, au cours de recherches effectuées dans le cadre de l’opération macro-inventaire 2, les auteurs du présent texte avaient été amenés à parcourir le comté de Napierville et, plus précisément, la municipalité de Saint-Rémi-de-Napierville. Situé dans un environnement agricole où l’on pratique la culture maraîchère et l’élevage pour la production laitière, le village de Saint-Rémi, dont la fondation remonte à 1830, ne manquait pas d’intérêt sur le plan patrimonial. On pouvait y voir quelques vieux bâtiments de pierre, notamment la maison Riendeau3 qui aurait servi de relais de poste et d’auberge ainsi que l’ancien palais de justice datant de 1834, classé monument historique en 1961. Mais il y avait aussi une église datant de 1837 qui aurait vu défiler les troupes anglaises pendant la Rébellion et, dans le rang Sainte-Thérèse, un calvaire sous édicule, dont le corpus serait l’œuvre du sculpteur local Louis Narbonne 4. Toutefois ce n’est ni la maison Riendeau d’intérêt architectural, ni le calvaire en voie de classement lors de notre passage, ni l’église, par ailleurs très belle, qui retint alors notre attention. Ce fut le cimetière.
Dans ce cimetière paroissial, situé à l’extrémité est de la rue Saint-André, nous fîmes la découverte d’un nombre impressionnant de croix de fer, certaines de fabrication industrielle, en fonte, d’autres artisanales – la majorité – forgées sur l’enclume des mains habiles d’un forgeron. La plupart de ces croix étaient regroupées à l’intérieur d’un terrain commun formant une espèce de triangle au fond du cimetière. Fascinés par la richesse du vocabulaire décoratif de ces croix, nous entreprîmes immédiatement d’en faire un relevé sommaire dans nos cahiers de terrain5. Intrigués, nous avons voulu en savoir plus, aussi avons-nous pris rendez-vous avec le curé de la paroisse, monsieur J.-L. Auger, pour lui demander l’autorisation de consulter les livres de la fabrique. Celui-ci nous accueillit d’autant plus aimablement qu’il s’interrogeait justement sur la pertinence de conserver ces vieilles croix dans le cimetière. Il en avait d’ailleurs déjà fait retirer une dizaine de leur emplacement pour les remiser dans le charnier. Il ne fut pas difficile de le convaincre de l’intérêt de l’ensemble. Avec son assentiment, nous avons décidé de préparer une étude sur les croix en fer forgé du cimetière, avec l’intention avouée de présenter ce dossier aux membres de la Commission des biens culturels en vue d’une reconnaissance à titre de biens culturels. Pour donner plus de poids à notre argumentaire, nous avons procédé à des visites de reconnaissance dans les cimetières des paroisses voisines et dans quelques villages le long du Richelieu. Nous avons aussi parcouru d’autres sites renfermant quelques belles croix de fer dans leurs cimetières.
À Sherrington, comté de Napierville, par exemple, quatre croix nous sont apparues particulièrement remarquables : les croix Trudelle-Tremblay et Robert-Pinsonnault qui datent toutes deux de 1907, Sanchagrin-Tremblay de 1934, et une croix anonyme et non datée. Dans le comté de Laprairie, deux croix de fer anonymes ont été trouvées dans le cimetière de Saint-Isidore. Dans le cimetière de Saint-Michel, trois croix, l’une datée de 1879, la seconde anonyme et la dernière portant pour seule inscription la mention « Micheline », ont été remarquées. Le cimetière de l’église Notre-Dame-de-Bonsecours, à Richelieu dans le comté de Rouville, renfermait une croix absolument remarquable par la richesse de son décor et la finesse d’exécution, la croix Bive-Girouard, datée de 1869. Dans le même comté, on trouvait encore quelques croix à Saint- Mathias (les croix des familles Adam, Loiselle et Tétreault, datées respectivement de 1883, 1909 et 1958), de même qu’une stèle de fonte (Laurie-Deragon, 1853-1900).
Le caractère exceptionnel des croix de Saint-Rémi-de-Napierville ne provenait pas seulement du fait que leur exécution est l’œuvre de forgerons habiles et que la grammaire des motifs est riche et variée, mais aussi parce qu’un regroupement de cette importance est rare. C’est pourquoi le cas de Saint-Rémi nous avait paru particulièrement intéressant pour amorcer une étude des tech niques de fabrication et pour poser les premiers jalons d’un répertoire de motifs. Bien sûr, nous ne pouvions ignorer l’existence de quelques autres cas comparables ailleurs au Québec. Mentionnons les cimetières de Saint-Séverin-de-Beauce et de Saint-
Malachie de Dorchester qui renferment des croix remarquables. Enfin, il y a aussi le cimetière de L’Anse-Saint-Jean, au Saguenay, qui contient également un nombre impressionnant de croix et de stèles en fer.
LE CIMETIÈRE DE SAINT-RÉMI : UN ENSEMBLE EXCEPTIONNEL
La première mention d’un cimetière à Saint-Rémi remonte à 1828. Dans les minutes du notaire Fx.-Hector Leblanc, en date du 22 septembre, il est fait état de la vente d’un terrain de douze arpents en superficie, par Alexis Perras et Pierre Boucher à l’abbé Jean-Olivier Chèvrefils, à « l’effet d’y construire une église, un presbytère et autres dépendances nécessaires pour l’usage d’un curé, ainsi que pour y faire un cimetière ». D’autres mentions relatives à ce cimetière situé à proximité de l’église apparaissent dans les délibérations de la fabrique et des notes historiques consignées dans le journal du père Paul-Albert Trudeau6. En 1887, cependant, ce premier cimetière ne pouvant plus suffire, une ordonnance de l’archevêque de Montréal, monseigneur Fabre, invitait la fabrique à déplacer le cimetière : « Nous avons vu et alloué les comptes de cette fabrique pour les années mil huit cent quatre-vingt-quatre, cinq et six. Nous voulons que l’on fasse l’acquisition d’un terrain pour y mettre un cimetière. Donné à Saint-Rémi dans le cours de nos visites le onze juillet mil huit cent quatre-vingt-sept. 7 » Ce n’est toutefois que deux ans plus tard que l’on put se plier à l’ordonnance de l’archevêque. Le procès-verbal de cette assemblée tenue le 15 septembre 1889 sous la présence du curé A. Baril rend compte de la décision :
L’assemblée a aussi pris en considération l’à-propos d’acheter du terrain pour y établir un nouveau cimetière, et après mûre réflexion, il a été décidé d’acheter de M. Olivier Gagné, cultivateur de St-Rémi, un morceau de terre situé dans le Village de ladite paroisse au prix (…) de deux mille cinq cents piastres, laissant au dit propriétaire le droit d’y enlever sa maison et toutes les dépendances; de plus il aura le droit, sans aucun déboursé, à l’acquisition d’un terrain de famille, à son choix, dans le nouveau cimetière. L’assemblée a autorisé et autorise par les présentes M. le Marguiller en charge conjointement avec M. le curé à acheter ledit terrain de la contenance de dix arpents environ et à en passer le contrat d’acquisition au nom de l’œuvre et Fabrique de cette paroisse, comme aussi à faire un emprunt de deux mille cinq cents piastres, aux conditions les plus favorables, pour payer le dit terrain au nom de l’œuvre et
Fabrique de la paroisse de Saint-Rémi. Il est entendu que ces résolutions ne seront mises à exécution qu’après avoir reçu l’approbation de Sa Grandeur Monseigneur Ed. Ch. Fabre, Archevêque de Montréal 8.
Monseigneur Fabre donne son autorisation le 21 septembre 1889. Les travaux commencent presque immédiatement puisque l’on trouve en date du 9 mars de la même année dans le Registre des délibérations une autorisation à parachever « les travaux commencés sur le terrain du nouveau cimetière (et) à faire exécuter à même les deniers de la Fabrique (…), tous les travaux nécessaires ou utiles, tels que nivellement du terrain, palissade, barrière, etc. 9 »
En 1906, l’aménagement du nouveau cimetière était terminé, mais on n’avait pas encore procédé à l’exhumation des corps. L’archevêque de Montréal, Mgr Paul Bruchesi, enjoignait en effet le conseil de la fabrique à procéder au transfert des corps et des monuments : « Le vieux cimetière n’est plus convenable. Les monuments, dont plusieurs tombent de vétusté, devront être transportés dans le nouveau cimetière, ou mis par la Fabrique en un endroit convenable du dit nouveau cimetière s’ils ne sont pas réclamés par qui que ce soit et s’ils sont en état d’être conservés. L’exhumation des corps enterrés dans ce vieux cimetière pourra se faire par les familles intéressées qui le désireront. Le terrain devra être ensuite entretenu d’une manière convenable (…). 10 »
LES CROIX DU « CIMETIÈRE COMMUN »
C’est dans cette partie du cimetière, connue comme étant le « cimetière commun », que furent relevées en 1977 la majorité des croix de fer qui ont inspiré le présent exercice. En effet, celles-ci sont directement plantées dans le sol sur un emplacement de forme triangulaire situé du côté est du cimetière, emplacement décrit à l’article 20 du règlement concernant le nouveau cimetière d’avril 1890 comme étant le « cimetière commun11 ». Il est dit dans cet article que « celui qui voudra placer une tombe dans le cimetière commun, une simple croix en pierre ou en marbre ornée de sculptures, portant une inscription, pourra le faire sans rien payer à la Fabrique, mais ces différents monuments devront être approuvés par le curé de Saint-Rémi qui fixera la place qu’ils doivent occuper et veillera à ce que les corps soient placés avec ordre et symétrie. 12 » Le règlement ne fait pas mention des croix en fer. Faut-il en conclure que parce qu’elles proviennent du noyau d’origine, ces croix n’avaient pas à être approuvées par le curé ?
Au total, c’est trente-cinq croix et stèles qui furent relevées dans le cimetière 13. Quinze croix et trois stèles se trouvaient dans le cimetière commun (croix numéros 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26 et stèles 34, 35, 36). Les autres monuments étaient situés sur des lots de famille : croix Lefebvre-Primeau (no 1), croix VR (no 11), croix Dumouchel (no 10), croix Hébert-Bouchard (no 7), croix Leclair-Varin (no 8), croix Cailles (no 6), croix Valiquette (no 5), et trois croix anonymes (numéros 3, 4, 9). Dans le charnier se trouvaient les croix Chatel (no 27), Racicot (no 28), Sainte-Marie/Chatel (no 32) et trois anonymes (nos 29, 30, 31). Enfin une croix a été retrouvée dans le dépotoir du cimetière et porte une inscription au nom d’Arsène Boyer (no 33).
PROVENANCE DES CROIX
Au Québec, le forgeron de village était autrefois un homme capable de satisfaire une clientèle variée. Le bûcheron se présentait pour lui demander de fabriquer ou de « ressuer » un fer de hache; le cultivateur avait un instrument agricole à réparer, le bandage des roues de sa voiture à remplacer ou un cheval à ferrer; le charpentier lui achetait des clous; le maçon se faisait forger un ciseau; le pêcheur une ancre ou quelque ferrure pour son bateau. Passant du feu de forge au brochoir, du travail à ferrer au tour à bois, le forgeron de village pouvait tout aussi bien exécuter une clenche de porte que parer le pied d’un cheval ou fabriquer la roue entière d’une charrette. Le forgeron manquait rarement d’ouvrage. En fait, il ne connaissait pas vraiment de périodes creuses, mais selon les saisons et le cycle annuel, la production pouvait augmenter ou diminuer. Au printemps, les cultivateurs se préparaient pour les labours. Ces préparatifs apportaient de l’ouvrage au forgeron qui devait réparer l’outillage agricole. En été, le forgeron connaissait des périodes de travail plus intenses encore. Durant le temps des foins ou au moment des récoltes, sa journée commençait au lever du soleil et se terminait tard dans la soirée. En automne, dès les premières neiges, d’autres tâches se présentaient à lui telles fabriquer ou réparer les traîneaux, remplacer les lisses de carrioles. En fait, jusqu’à Noël, le forgeron était toujours très occupé. Après Noël toutefois, il avait un moment de répit. L’artisan pouvait alors prendre de l’avance et réaliser des pièces qu’il emmagasinait pour les périodes plus actives. C’est en hiver, par exemple, qu’il fabriquait des fers de différentes grosseurs en prévision des « grosses bourrées » de l’été.
Le deuil, évidemment, frappe les familles le plus souvent de façon imprévue. À ce que l’on sache, le forgeron ne préparait pas de croix à l’avance. La grande variété des modèles et des motifs laisse plutôt supposer que les familles se rendaient chez le forgeron à la suite du décès d’un des leurs avec l’idée bien arrêtée du genre de croix qu’ils voulaient commander. C’est le plus souvent par économie que les familles s’adressaient au forgeron plutôt qu’à un fabricant de monument funéraire. Le monument de pierre coûtait généralement plus cher que la simple croix en fer. Le monument de pierre, qu’il soit de marbre mou ou de granit, entraînait une dépense importante. Le matériau provenait le plus souvent de l’extérieur (sauf pour les quelques régions de production) et sa préparation se faisait par des artisans qualifiés provenant eux-mêmes des régions de production. Le coût du matériau, la préparation et la taille, les frais de transport, rendaient souvent prohibitif le coût d’un tel monument. Pour fabriquer une croix, le forgeron, lui, n’avait besoin que de peu de choses.
Un peu de fer, quelques rivets de sa fabrication, son feu, son enclume et son marteau. Le morceau de fer pouvait provenir d’un vieux bandage de roue, parfois fourni par le client. L’artisan ne mettait pas moins tout son savoir et toute sa compétence à fabriquer une pièce originale, exclusive, souvent une véritable œuvre d’art.
C’est un forgeron retraité, monsieur Paul-Émile Bourdon, qui, à l’époque de notre enquête, nous avait fourni les renseignements relatifs à l’origine des croix du cimetière de Saint-Rémi 14. Lors de son arrivée à Saint-Rémi, en 1934, il y avait encore cinq forgerons dans le village : Garant, décédé vers 1975, qui avait boutique dans le rang du Cordon; Daignault, installé sur le boulevard Saint-Paul; Dumouchel de la rue Notre-Dame, décédé vers 1953; Poissant, à l’angle des rues Saint-Paul et Saint-André; et Bédard, décédé vers 1940, dont la boutique se trouvait sur la rue Chèvrefils. Tous ces forgerons pratiquaient le travail général de la forge. D’après l’informateur, les croix du cimetière de Saint-Rémi seraient l’œuvre de l’un ou l’autre de ces forgerons ou de leurs prédécesseurs. Notre informateur nous avait confié avoir fabriqué lui-même trois croix pour des membres de sa famille : la croix Gauthier-Monière (no 12), la croix Monière-Gauthier (no 13) et la croix Bourdon- Beaulieu (no 23). Selon lui, ce serait le forgeron
Dumouchel qui aurait fait la croix Rochon- Dumouchel (no 18) et la croix André Dumouchel (no 10) en 1937. Par ailleurs, une informatrice, madame Riendeau15, nous avait confié que des croix et des stèles de fonte se trouvant dans le cimetière pouvaient provenir de la fonderie locale Lamarre et Cie. Cette entreprise fondée par Camille Lamarre en 1888 était située à proximité du cimetière. Elle a été en opération jusqu’en 1930 environ. On y coulait des poêles, réputés dans la région, mais aussi des lisses de carrioles, des clôtures décoratives et des stèles comme celle (stèle Beaudin-Brisson, 1900, no 36) trouvée dans le cimetière et qui porte à sa base l’inscription « Lamarre et Cie/St-Rémi ».
TECHNIQUES DE FABRICATION
Les croix du cimetière de Saint-Rémi révèlent des techniques anciennes de découpage, de martelage et d’assemblage du fer et sont à bien des égards des petits chefs-d’œuvre d’art populaire. Pour le forgeron, une des façons les plus courantes de fabriquer une croix consistait à souder au montant principal – la hampe – les deux morceaux de la traverse. Ces parties étaient chauffées au feu de forge et martelées ensemble jusqu’à ce que le métal ne forme plus qu’une seule pièce. Là où le fer a été « ressué », comme disent les forgerons, c’est-à-dire là où il a été martelé et égalisé, on peut apercevoir les marques du martelage, mais lorsque le travail est vraiment soigné, celles-ci sont à peine visibles. Plus rarement, l’artisan va souder au montant, d’un côté et de l’autre de la croix, chacune des moitiés de la traverse. Les croix fabriquées selon cette technique sont généralement faites à partir de pièces de métal plutôt larges et minces. Les croix du cimetière de Saint-Rémi sont, au moins pour la moitié d’entre elles, faites de deux pièces de métal réunies à la croisée de la hampe et de la traverse au moyen d’une soudure, puis rivetées pour plus de solidité. Ce procédé de fabrication, le plus fréquemment utilisé, représentait une double économie. D’abord une économie de matériau puisque le forgeron n’utilisait que deux pièces de métal souvent très minces. Économie de temps aussi, puisque le travail s’effectuait en une seule opération. Il suffisait de superposer les deux morceaux de métal pour les réunir au moyen d’une soudure. Pour donner plus de rigidité à la croix, le forgeron ajoutait alors des renforts de métal en forme de losange à la croisée de la hampe et de la traverse, un ajout à la fois fonctionnel et décoratif.
Les croix du cimetière de Saint-Rémi nous avaient semblé remarquables, non seulement par la finesse de leur exécution, mais aussi par la richesse de leurs motifs. Le répertoire que nous présentons dans les pages qui suivent fait état de la variété de ces motifs. Dans un premier temps, nous avons regroupé les motifs des extrémités, allant du plus simple et du plus dépouillé au plus travaillé, passant systématiquement en revue la fleur de lys, aux multiples variantes, le cœur et le pique, la pointe de lance, l’ancre et la tenaille. Ensuite les motifs centraux ont été étudiés, aussi bien ceux de forme simple comme le cercle et le losange que ceux de forme complexe, tout en fioritures et hérissés de pointes diverses. Enfin les motifs secondaires comme les petites croix latérales ou terminales, les cœurs et les volutes, les pointes et les losanges ont été catalogués.
Répertoire de motifs
1. Motifs des extrémités
1.1 Extrémités simples
1.2 Extrémités fleurdelisées
1.3 Extrémités en forme de cœur
1.4 Extrémités en forme de pique
1.5 Extrémités en forme de pointe
1.6 Extrémités à trois branches
1.7 Extrémités ancrées
1.8 Extrémités en forme de tenailles
2. Motifs centraux
2.1 À forme simple
2.2 À forme complexe
Dans un troisième temps, cette évolution est marquée par l’adjonction d’éléments mineurs telle la pointe de lance, ou simplement par la répétition miniaturisée des volutes principales du losange.
Assemblage de motifs
4. Motifs secondaires
CROIX DE FER ARTISANALES DE DIX CIMETIÈRES
« Des croix où s’additionnent cercles, losanges, carrés, rectangles et cœurs acérés. Des croix ayant l’air de danser, de tout mêler dans le temps et les pays, de la Bretagne à l’Afrique, ayant l’air d’exorciser la mort. »
Michel Garneau
PORTAILS ET CLÔTURES
À Saint-Anselme, à Montmagny et à Saint-Rémi de Napierville notamment, l’apparition au milieu du XIXe siècle d’in dus tries de la fonte coulée dans des moules de bois et de sable a fait surgir tous ces portails et clôtures qui apportèrent aux cimetières leur air plus cérémonieux.
Note (1)
Ce texte fait partie d’une série d’articles de notre grand dossier « Cimetières, patrimoine pour les vivants » tiré du livre du même titre par Jean Simard et François Brault publié en 2008.
Notes (2)
- Ce texte reprend en partie le contenu de deux études parues antérieurement par les mêmes auteurs, à savoir : René Bouchard et Bernard Genest, avec la collaboration de Monique Cloutier, Saint-Rémi-de-Napierville, Les croix en fer forgé du cimetière, Québec, ministère des Affaires culturelles, coll. Dossier no 41, 1979, 98 p.; René Bouchard et Bernard Genest, « La ferronnerie décorative des cimetières québécois », dans Canadian Antiques & Art Review, vol. 2, no 13, novembre 1980, p. 30-36. Les dessins et les photographies ont été réalisés par l’équipe du macro-inventaire.
- Inventaire général qui a consisté à identifier sur l’ensemble du territoire du Québec et dans un délai très court – cinq ans – les éléments les plus prégnants du patrimoine. Voir l’article cité ci-dessus.
- On pourrait aussi mentionner la maison Auclair et la maison Caron dans le rang Sainte-Thérèse, de même que la maison Musow dans le Grand Rang.
- Le sculpteur Louis Narbonne, qui mourut à Montréal en 1863, serait un proche parent de Pierre-Rémi Narbonne, exécuté le 15 février 1839, pour avoir pris part à l’insurrection de 1838. Le calvaire aurait été élevé en 1838. Selon mademoiselle Riendeau, secrétaire pour la fabrique, il existerait une relation entre l’arrestation de plusieurs patriotes de Saint-Rémi et l’érection du calvaire, comme si on avait voulu obtenir une intervention divine pour obtenir la clémence du tribunal envers les insurgés. Le calvaire a été classé en 1978 à titre de monument historique.
- Dans le cadre de l’opération macro-inventaire, c’est d’abord dans le cahier de terrain que les ethnologues consignaient les informations obtenues lors des enquêtes : localisation, description, photographies, dessins relatifs au fait ou à l’objet relevé.
- Paul-Albert Trudeau, Saint-Rémi-de-Napierville, « Le journal d’une paroisse ou cent ans de vie paroissiale (1830-1930) ». Manuscrit inédit.
- Registre des délibérations de la fabrique de Saint-Rémi (1830-1879), p. 171.
- Ibid., p. 117
- Ibid., p. 125-126
- Ibid., p. 234-235
- Ibid., p. 1267
- Ibid., p. 126.
- Le cimetière contient quarante croix et stèles, mais pour les besoins de cet exercice, nous n’avons retenu que celles qui étaient en fer forgé. Les numéros des croix et stèles indiqués entre parenthèses réfèrent au dessin de la fig. 3.
- Enquête orale effectuée le 6 octobre 1977, par René Bouchard et Bernard Genest, auprès de monsieur Paul-Émile Bourdon, 70 ans, forgeron ayant exercé son métier à Boucher ville avant d’installer sa pratique à Saint-Rémi en 1934.
- Enquête orale effectuée le 6 octobre 1977 par René Bouchard et Bernard Genest auprès de madame Riendeau, 80 ans, secrétaire de la paroisse, habitant sur la rue Perras à Saint-Rémi. Cette dame avait gracieusement consenti à nous faire lire ses éphémérides du village de Saint-Rémi, des notes manuscrites sans titre ni pagination, pour enrichir notre connaissance du lieu.