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Photo noir et blanc de Guy Fregault

Guy Frégault, historien et sous-ministre

L'homme tombe, l'œuvre reste debout

Lorraine Guay

Géographe et auteure

Né à Montréal le 16 juin 1918, Guy Frégault a marqué la pensée historique et politique québécoise au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Avec ses recherches sur le régime français, en particulier le XVIIe siècle, et ses nombreux ouvrages dont La guerre de la Conquête, l’écrivain figure parmi les intellectuels les plus respectés au Québec. Contribuant à l’émergence d’une conscience nationale, il fut l’un des pionniers de la Révolution tranquille.

 

Après des études au Collège de Saint-Laurent et au Collège de Brébeuf, Guy complète à l’Université de Montréal un baccalauréat ès arts en 1938 puis une licence ès lettres en 1940. Mgr Émile Chartier obtient son entrée à l’École normale supérieure de Paris, mais au printemps de 1940, la guerre éclate en Europe et les portes de Paris sont closes. Le jeune chercheur se tourne alors vers les États-Unis et obtient un doctorat en histoire à l’Université Loyola de Chicago. Sa thèse porte sur Pierre Le Moyne d’Iberville (1661-1706), ce grand personnage de l’époque française qui fut militaire sur terre mais surtout sur mer, explorateur et bâtisseur.

 

À Montréal, Guy rencontre Lilianne Rinfret qu’il épouse en 1943. Lilianne est l’une des rares femmes de l’époque à poursuivre des études supérieures. Détentrice d’une licence en Lettres, elle se mérite le Prix du Gouverneur Général. Passionnée d’histoire comme son mari, elle l’accompagne dans tous ses voyages de recherches, fouillant les archives canadiennes, américaines et françaises. Ensemble, ils signent une anthologie des écrits de Frontenac publiée chez Fides (1956).

Guy Frégault, historien et professeur, à son bureau au département d'histoire de l'Université de Montréal, vers 1945. Université d'Ottawa, CRCCF, Fonds Guy-Frégault (P168), Ph95-123.

Professeur à l’Université de Montréal, Guy Frégault enseigne que l’historien ne peut ignorer les « exigences de la méthode ». Les ouvriers de l’histoire ne doivent s’appuyer que sur des preuves, c’est-à-dire des documents authentiques et, pour le reste, appeler les hypothèses par leur nom, écrit Frégault en 1943. Les sources doivent aussi être critiquées et jamais prises telles quelles. De plus, la « petite » et la « grande » histoire sont nécessaires l’une à l’autre car elles se rejoignent au cœur d’une même vérité. En 1946, l’historien écrivain est nommé directeur du nouvel Institut d’histoire qui deviendra le Département d’histoire.

 

En 1961, Georges-Émile Lapalme, créateur du Ministère des Affaires culturelles, fait appel à Guy Frégault comme sous-ministre pour concevoir la vocation de la nouvelle institution. Le brillant fonctionnaire collabore aussi à la préparation du livre blanc sur la Charte de la langue française en plus d’être conseiller spécial pour les questions culturelles auprès du Conseil exécutif.

 

Titulaire de plusieurs doctorats honorifiques, Frégault reçoit de nombreux prix pour sa contribution à la science historique et à la culture française en Amérique: prix Duvernay, prix Montcalm, prix de l’Académie française. Lauréat de la médaille de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences, il est membre fondateur de l’Académie canadienne-française et membre de l’Académie des sciences d’Outre-mer.

À Québec, dans la nuit du 12 au 13 décembre 1977, Guy Frégault est pris d’un malaise et transporté d’urgence à l’hôpital du Saint-Sacrement. Il meurt subitement à l’âge de 59 ans, laissant la femme Lilianne et son fils Guy. Ses funérailles ont lieu le 16 décembre en l’église Saint-Charles-Garnier de Sillery. Il est inhumé au cimetière Belmont, dans l’avenue Saint-Joseph. Un remarquable ouvrage fleurdelisé fait de granit noir et gris marque l’emplacement. On ne pouvait imaginer un monument plus approprié pour résumer l’homme et sa fascination pour l’histoire: un grand livre ouvert avec ces mots « L’homme tombe, l’œuvre reste debout ».

Pierre tombale de Guy Frégault au cimetière jardin Notre-Dame-de-Belmont, Québec. Crédit: Catherine Ferland

À la mort de son mari, Lilianne Frégault accepta de financer le Prix Guy-Frégault soulignant le meilleur article de l’année publié dans la Revue d’histoire de l’Amérique française. Après le décès de sa mère en 1997, Guy assura la continuité de cette œuvre. En 2017,  le prix a été renommé Prix de la Revue d’histoire de l’Amérique française. Sur la Grande Allée, à Québec, l’imposant édifice qui abrite aujourd’hui le Ministère de la culture et des communications a été nommé l’Édifice Guy-Frégault

Image: Publication L'édifice Guy-Frégault, 2001

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