
Conducteur de four crématoire
Les lecteurs assidus de cette chronique savent déjà, pour l’avoir lu dans un article antérieur, que la crémation est un mode de disposition des corps plus écologique que l’inhumation traditionnelle. Remporter la palme ne veut cependant pas dire se reposer sur ses lauriers, car des GES (Gaz à effet de serre) et autres polluants sont tout de même émis, et l’éthique nous commande constamment nous améliorer pour les réduire. Même si certaines entreprises funéraires ont effectué des modifications techniques les diminuant passablement, il en reste toujours et il continuera d’en rester tant que l’on continuera de mourir et d’avoir recours à cette méthode de disposition de nos restes humains.
Brûler un cercueil n’apporte pas de plus-value à la crémation, bien au contraire ! Il vous suffira d’engager la conversation avec n’importe lequel des membres de l’Amicale des conducteurs de four crématoire et vous apprendrez vite que tous ne sont pas convaincus de la pertinence de brûler une bière.
Et parce que ce sont souvent des gens diserts et fiers de leur métier, ils vous diront qu’un cercueil du commerce est constitué le plus souvent de bois aggloméré plein de colle, avec placage laqué, poignées de plastique, beaucoup de quincaillerie et un intérieur ornementé de tissus et rembourrages qui ajoutent tous à la somme des matériaux.

Ils pesteront en vous racontant que tout ça, « ça brûle mal », que ça produit des galettes incandescentes qui ont un long cycle de combustion, que le métal fondu colle au plancher du four et se mélange aux restes, et surtout, soucieux qu’ils sont de préserver les ressources, ça consomme beaucoup plus de gaz naturel et que ça rallonge indûment le temps requis pour une belle crémation.
Certains d’entre eux, plus audacieux, pousseront même la réflexion à son paroxysme : « Mais à quoi sert-il de brûler un cercueil ? » Et parce que les gens des fours aiment à faire rouler leurs affaires rondement avec une omniprésente quête d’efficience, ils vous feront remarquer que le contenant de crémation en carton gagne depuis vingt-cinq ans en popularité. Ils s’interrogent sur la pertinence de créer et standardiser la pratique d’imposition de tarifs plus élevés ou de taxes vertes lorsque quelqu’un(e) tient à se faire « crémationner » dans ces boîtes funéraires du commerce en bois avec intérieur capitonné et imposante quincaillerie de service.
Qu’en pensent nos lecteurs ? Il y aurait ici un débat intéressant à faire, en cette époque de réchauffement climatique qui nous force à devoir faire des choix pour l’avenir. Car le seul endroit où la température devrait monter c’est dans le four et non à l’extérieur !