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Il fallait que je le fasse

Commémoration desdits excommuniés de Saint-Michel

France Rémillard

Restauratrice et éditrice en chef de l'Écomusée du Patrimoine

C’est en ces termes que m’a confié Gaston Cadrin, son incontournable devoir de commémoration.  Il l’avait fait dans sa publication de 2015. Les excommuniés de Saint-Michel-de-Bellechasse au XVIIIe siècle, désormais épuisé, mais désirait pérenniser dans la pierre ces rebelles ou patriotes de Saint-Michel-de-Bellechasse.

Aussi, le 11 octobre dernier, une foule nombreuse se réunissait en plein champ et par grand vent. Tous étaient venus assister au dévoilement de cette pierre plaquée à la mémoire des cinq rebelles de Saint-Michel-de-Bellechasse ayant osé défier l’autorité religieuse qui incitait les habitants à se ranger du côté des Britanniques, des envahisseurs de date récente.  Ceux qui ont été tentés par l’appel révolutionnaire des États voisins, désireux de briser le lien qui les asservissait à cette couronne, ont été tout simplement privés de sépulture en terre bénie de même que de tout rituel funéraire religieux.  Traités tels des infâmes pour s’être tenus debout et avoir refusé de s’amender, ils ont été enterrés en plein champ, sur la terre de Pierre Cadrin, ancêtre de l’instigateur du projet de commémoration : Gaston Cadrin. C’est sur cette même terre, cédée depuis 1830 à la famille Pouliot qui l’exploite de génération en génération, que le monument a été érigé.

Le 11 octobre dernier, ils étaient venus nombreux assister au dévoilement du monument commémorant lesdits excommuniés de Saint-Michel-de-Bellechasse. Photo : Pierre Duquet
Jacques Pouliot et son petit-fils Victor Pouliot posant fièrement devant la pierre commémorative qu’ils ont érigée sur la terre des Cadrin-Pouliot (1727 à aujourd’hui). Photo : Gaston Cadrin, 10 octobre 2024

Des nombreuses personnes ont contribué financièrement à ce geste et la famille Pouliot a proprement et solidement installé la pierre sur son socle et y ont fermement accroché la plaque.  Illustrée par les soins de Jean-Claude Légaré et contextualisée par un texte de Gaston Cadrin, elle constitue désormais un repère historique de ces individus bannis pour motifs politiques.  Ainsi le 11 octobre de 2024 marquait le jour anniversaire de la translation des restes mortels en l’an 1880, près de 100 ans après les faits. Finalement rapatriés au cimetière de Saint-Michel, ils ont été ensevelis dans une fosse commune dans la zone des enfants morts sans baptême.

Plusieurs descendants des familles rebelles ont participé à la cérémonie.  La pierre a été bénie par un prêtre, descendant de la famille Cadrin. De nombreuses personnalités étaient présentes et plusieurs ont pris la parole pour souligner le très beau geste et rappeler à la mémoire l’histoire de celles et ceux qui nous ont forgés.  

Devant le monument, quelques personnes invitées à prendre la parole lors du dévoilement. Dans l’ordre habituel : l’abbé Denis Cadrin, frère de l’instigateur, Caroline Desbiens, députée du Bloc québécois, Gaston Cadrin, instigateur du projet de commémoration, Jacques Pouliot, propriétaire de la terre Cadrin-Pouliot, Yvon Dumont, maire de la municipalité, Florian Lambert, artiste et compositeur, Sylvie Corriveau, journaliste, Charles Laferrière, attaché politique de Stéphanie Lachance et Denis Racine, président de l’Association des familles Racine. Photo : Pierre Duquet

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