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Illustration d'animaux que l'on retrouve dans les cimetières du Québec

Le bestiaire du mont Royal

Chronique du Fossoyeur:

Julien Desormeaux

Conducteur de four crématoire

Lorsque j’étais jeune fossoyeur, nous partions pelle et pic à l’épaule et, chemin faisant vers la fosse à ouvrir, nous pouvions avoir la grâce d’apercevoir renards, faisans, pic-bois et autres bêtes endémiques du mont Royal. Existe-t-il plus belle image d’Épinal que celle où, alors que les brumes de la montagne se dissipent, deux fossoyeurs se relaient au pic et à la pelle, chantant et sifflotant Brassens sous l’œil avisé d’une marmotte, l’animal fouisseur par excellence? Aujourd’hui, cette faune est malheureusement hypothéquée pour nombre de raisons, dont plusieurs sont du ressort anthropique.

Une Mère-Thérésa-des-chats par ici, des touristes enjoués au belvédère qui nourrissent des hordes de gloutons ratons par là, il ne manque pas d’humains qui croient bien faire en nourrissant félins et rongeurs. Sans le réaliser, ils crachent dans la soupe et participent au génocide animalier de la montagne. Il se trouve même des gens qui, ayant capturé un raton dévaliseur de poubelle dans leur cour, viennent le libérer sur les lieux.

Le difficile équilibre de l’îlot forestier urbain s’en trouve ainsi détruit; ces félins et rongeurs n’ont pas de prédateurs naturels. Ils pullulent et débordent de leur niche écologique et font incidemment disparaître oiseaux et autres bêtes à quatre pattes, par les maladies qu’ils disséminent, par la prédation et par la concurrence pour les ressources qu’ils exercent.

Un vieux fossoyeur ayant pratiqué dans les années quarante m’avait raconté qu’à l’époque où les environs de la Côte-des-Neiges étaient constitués de maraîchages, de fermes et de boisés, les employés emportaient parfois dans certains secteurs du cimetière des armes à feu par peur du loup.

Nous ne reviendrons jamais à cet état d’origine et nous ne plaidons pas pour la réintroduction des « méchants » loups. Par contre, il y a un sérieux travail de prévention et d’éducation à faire. Des efforts ont été fdéployés dans les dernières années par les propriétaires institutionnels de l’arrondissement. Les arbres qui sont plantés sont des essences typiques des Montérégiennes et l’on ne déboise plus de façon sauvage. Reste aux citoyens et usagers de la montagne à se conscientiser et à appliquer cette règle d’or de ceux qui ont la nature à cœur : on ne doit pas interagir avec la faune, sinon pour l’admirer.

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