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Rose Rouge unique dans un désert

L’écologie et la mort…

Chronique du Fossoyeur:

Julien Desormeaux

Conducteur de four crématoire

De tous les modes de disposition des dépouilles qui sont pratiqués au Québec, lequel a l’empreinte écologique la plus faible? Les lecteurs seront sans doute surpris d’apprendre que, dans une société industrialisée et urbanisée, c’est la crémation qui remporte la palme. Pourquoi ?

  • les fours en usage au Québec (ce ne sont pas tous les pays qui pratiquent la crémation avec des normes aussi élevées que chez nous) utilisent du gaz naturel, qui est, de tous les combustibles, l’un des moins polluants;
  • les fours d’aujourd’hui ont la grande particularité d’avoir une deuxième chambre de combustion à très haute température et réussissent ainsi à bruler les gaz et les autres émanations. Ainsi, la combustion est presque parfaite;
  • inhumer une urne prend infiniment moins d’espace qu’une sépulture conventionnelle sans compter qu’il est possibla d’en inhumer dans des concessions où il n’y a plus de place pour d’autres cercueils. On peut aussi regrouper les urnes dans un columbarium, dans des bâtiments existants comme des églises recyclées à ces fins, ou dans des ossuaires collectifs ou en lot communautaire. Ces façons de disposer des urnes ont toutes le grand avantage de densifier le nombre de sépultures sur un même espace, ce qui ultimement évite d’avoir à en consacrer de nouveaux à ces usages;
  • inhumer une urne perturbe beaucoup moins le sol qu’une inhumation conventionnelle et minimise grandement l’emploi de machinerie lourde et de carburant diesel;
  • les cendres sont stériles et n’ont donc aucun impact lorsqu’on les met en terre, contrairement aux fluides d’embaumement, qui ne sont pas tous réputés pour leur innocuité, et à une inhumation traditionnelle en cercueil;
  • une urne biodégradable s’efface dans le sol, et une urne conventionnelle requiert beaucoup moins de matériaux qu’un cercueil;
  • la majorité des gens qui choisissent la crémation optent aussi pour la boite de carton comme contenant funéraire, ce qui fait l’économie d’un cercueil.

La crémation est en train de s’imposer comme le mode de disposition des corps le plus populaire dans les pays industrialisés. Au Japon, on y a recours dans presque 100% des cas, en Suisse 90%, au Danemark 80%, au Québec 75%, dans le reste du Canada 40% et aux États-Unis 35%. L’Italie, où l’on est plus attaché aux traditions catholiques, fait bande à part, avec un taux de plus ou moins 10%. On doit noter aussi que, dans les traditions chrétiennes orthodoxes et les religions sémites, la crémation n’est pas une option.

Il y a cependant un bémol à l’empreinte écologique de la crémation: des études sur l’impact des amalgames dentaires restent à faire. Et il ne faut pas oublier qu’en ces pays où elle est pratiquée avec des moyens rudimentaires et dans des environnements non règlementés, la crémation ne se qualifierait plus comme pratique essentiellement écologique.

La crémation reste cependant un mode de disposition économique et écologique qui ne cesse de gagner en popularité. Des intervenants du milieu prétendent même que la pratique gagne un pour cent de popularité de plus chaque année aux États-Unis et ailleurs. L’avenir serait-il à la crémation ?

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