Géographe et auteure
Vers 1659, l’ancêtre de Félix-Xavier Garneau, Louis Garnault, s’installe sur la côte de Beaupré. Ses descendants vont s’établir à Saint-Augustin. Parmi eux se trouve le père de Félix-Xavier qui déménage dans le quartier Saint-Jean Baptiste de Québec. Pour subvenir aux besoins de sa famille qui comptera dix enfants, François-Xavier Garneau, sans véritable métier, doit travailler comme sellier, charretier, capitaine de goélette et finalement aubergiste.
Son jeune fils, François-Xavier, sérieux et brillant, fréquente l’école du faubourg. À 12 ans il devient moniteur dans une école ouverte grâce aux efforts de Joseph-François Perrault. L’enseignement y est dispensé par les élèves les plus avancés qui deviennent moniteurs. François-Xavier désire poursuivre des études classiques au Séminaire de Québec mais il n’est pas attiré par la vie religieuse et ses parents ne peuvent subvenir à son éducation. C’est alors que Perrault lui offre un emploi dans son bureau de greffier de la Cour du banc du roi. Homme érudit, Perrault donne à Garneau des leçons d’anglais, de latin et d’histoire.
À 16 ans, l’adolescent entre comme clerc dans la prestigieuse étude d’Archibald Campbell et devient notaire cinq ans plus tard, en 1830. Avec un Anglais qui l’engage comme compagnon de voyage, il découvre les États-Unis et le Haut-Canada (Ontario). En 1831, il s’embarque pour Londres et Paris. À son retour, le député montréalais Denis-Benjamen Viger l’engage comme secrétaire. Au cours de cette période, Garneau s’initie à la politique canadienne et développe une pensée critique à l’égard des institutions introduites au Bas-Canada (Québec) par l’Angleterre. En 1834, il commence à travailler comme notaire, mais cette profession ne l’enthousiasme guère, et il se met à écrire des poèmes qu’il publie dans Le Canadien.
À partir de 1837 commence à se préciser sa vocation d’historien. L’Acte d’Union des Canadas est votée, une loi qui menace la survie du peuple canadien-français. Le 22 février 1841, dans un long article du Canadien, Garneau dénonce ce décret et réclame le maintien de la langue française dans les textes constitutionnels. L’année suivante, Garneau obtient le poste de traducteur français à l’Assemblée législative. Il accède alors à la bibliothèque constituée par Georges-Barthelemi Faribault, ainsi qu’à celle de la Société littéraire et historique de Québec dont il est membre.
En 1845, paraît le premier volume de l’Histoire du Canada, dans lequel l’auteur veut rétablir la vérité, si souvent défigurée et repousser les attaques et insultes dont ses compatriotes sont journellement l’objet (Lemire, 1998). Ainsi, dans un souci de valorisation des Canadiens, l’historien accorde moins d’une page au récit de la bataille des Plaines d’Abraham pour en consacrer plusieurs à la victoire de Sainte-Foy. Le deuxième tome paraît en 1846 et le troisième, en 1849. L’écrivain poète s’enrichit de la réputation d’historien respecté à qui le gouvernement vote un octroi de mille dollars en vue d’une réédition de son monumental ouvrage. L’archevêché, qui avait d’abord critiqué ses vues libérales, lui ouvre les archives épiscopales après que l’auteur ait proclamé l’union de la religion et de la nationalité.
Le travail colossal que s’impose l’historien a des répercussions sur sa santé et ce dernier doit ralentir son rythme. Sur le plan matériel, Garneau doit recourir à l’aide de son beau-père, de ses amis, de l’hôtel de ville de Québec et du parlement. Sur le plan familial, entre 1835 et 1855, sa vie est assombrie par le décès en bas âge de sept de ses dix enfants.
Dans la nuit du 2 au 3 février 1866, l’historien meurt d’une attaque d’épilepsie dans sa maison située au 1470 de la rue Saint-Flavien, dans le Vieux Québec. Entre 1854 et 1864, il avait habité comme locataire puis propriétaire une résidence de la rue Sainte-Geneviève. La nouvelle de son décès, ressenti par la population comme un deuil national, se répand dans la presse canadienne-française. Un comité se forme pour venir en aide à sa famille et pour ériger un monument commémoratif digne de l’écrivain.
Le 15 septembre 1867, en présence du premier ministre Pierre-Joseph Olivier Chauveau, un monument en forme de sarcophage est dévoilé au cimetière-jardin Notre-Dame-de-Belmont. À cette occasion, Chauveau prononce un vibrant discours en hommage à son ami défunt. Sur le monument sont simplement gravés les mots F X Garneau historien. Le monument est situé à l’intérieur du rond-point dessiné par l’architecte Charles Baillargé, sur la rue des Amaranthes, près du calvaire. Un collège, des rues, des parcs, des lacs et rivières rappellent aujourd’hui celui qui a voulu redonner à ses compatriotes la fierté de leur appartenance et le goût de continuer à s’épanouir en français en Amérique du Nord.